Paradis blanc ...

28 Janvier 2019

Il y a des matins comme ça, à peine l'œil ouvert, je sens que la journée va être belle. Je ne sais pas encore pourquoi ni comment, mais c'est là.

Alors j'active mon corps pour aller jusqu'au salon, je sors de mon lit, mes jambes me tiennent bien, et je trouve comme tous les matins ma petite Mary qui a encore passé la nuit dehors et qui miaule sur le balcon pour que je lui ouvre la porte.

Il est 7h30, je suis en pyjama, et finalement, c'est moi qui me retrouve pieds nus sur le balcon à regarder les flocons tomber, et le jour se lever doucement. J'aperçois à peine les sapins derrière le brouillard, le jardin devant moi est immaculé de blanc, seules quelques petites traces de pattes se distinguent au milieu du grand carré blanc qui s'étale devant moi.

Ma Mary a fait sa trace !! A sa hauteur, c'est comme si on avait de la neige jusqu'aux fesses ! C'est froid ! Mary va se réchauffer sur le lit chauffant de Maman...Moi, en l'occurrence !

Elle a avalé ses croquettes, et moi mon café. On a fermé la porte, parce que ça caille, mais on regarde toujours dehors, absorbées par la beauté de l'extérieur.

Je vais laisser petit corps se réveiller tranquillement, et quand je me sentirai prête, j'irai voir si Dame Nature veut bien m'offrir un peu de poudreuse toute fraiche, et encore intacte.

Après trois heures de conversation sur le Bon Coin avec des acheteurs de jeux vidéos, ( on fait du tri en ce moment !! ), je sens que c'est le moment où jamais. Les gars avec qui j'ai parlé mon donné la pêche, je sais qu'elle ne durera pas longtemps et que je dois en profiter.

Mary est déjà repartie depuis longtemps, les conversations de gamers ne l'intéressent pas. Pourtant j'ai eu des conversations très enrichissantes, et fait des rencontres qui risquent d'être prometeuses. Je ne m'attendais pas en vendant des jeux de GameCube pour sauver ma fin de mois, à rencontrer un homme qui pourrait me sauver ma Pepette ( Ah oui, c'est la nouvelle de ce début d'année, je n'ai plus de voiture !! ) …

Bref, je suis remplie de bonne ondes, il est temps d'aller continuer de se recharger au grand air.

Une fois bien chaussée, et bien couverte aussi, je pars en direction du Bout du Monde … Si, si ! Le Bout du Monde est ici, à Allevard, à un gros kilomètre de chez nous.

Le soleil commence à percer, je suis sortie au bon moment.

En bonne curiste qui se respecte à l'époque, j'ai effectué pour la première fois cette petite ballade un Dimanche, avec ma FibroMamoune, une amie curiste qui avait réussi à me motiver pour aller marcher.

Depuis, je suis capable de faire le chemin les yeux fermés tellement je connais chaque pierre ou branche d'arbre qui pourrait se mettre en travers du chemin.

C'est là bas que l'été, je vais bronzer, lire, méditer, ou tout en même temps.

Aujourd'hui, je veux jute marcher. Sentir la neige craquer sous mes pas et me nourrir de chaque seconde passées avec Dame Nature.

J'espère que je serais seule à avoir eu cette idée. Par un Lundi matin, je ne pense pas croiser grand monde à part quelques balladeurs de chiens !

Mais jusque là, il n'y a personne.

Juste moi.

Et lui. Mon Breda.

Il m'avoue être content de revêtir enfin son costume d'hiver, je lui dis qu'il est beau avec le cadeau que lui a offert le ciel cette nuit. On remercie le ciel tous les deux, de nous offrir cette beauté.

Et lorsque j'arrive au début du chemin, je vois que personne n'est passé.

C'était donc bien mon jour. Ce jour où je vais enfin faire ma trace dans la poudreuse sur le chemin du Bout du Monde.

L'année dernière il y avait eu beaucoup plus de neige, mais par maque d'énergie au bon moment, j'avais loupé ça.

Mais cette année, c'est mon tour !

Sur ce chemin, il y a des ponts, des escaliers, pas toujours évidents avec mon corps un peu bancale, alors je fais très, très attention. La neige recouvre les cailloux, ou les petits trous. Alors même si je connais le chemin par cœur, je reste prudente.

Je fais dix pas, et je m'arrête, j'admire les alentours.

Je prends une photo. Une pour moi, dans mon cœur, une pour vous !

Pour vous offrir un bout de ma chance d'habiter ici, et d'avoir ça, à portée de main.

Et je repars.

Je fais des pauses.

J'écoute l'eau qui fait son chemin à côté de moi.

Et puis j'arrive au bout ...

Au Bout du Monde...

L'été, je bronze sur la petite plage en dessous du pont.

J'ai trop envie de descendre mais j'ai déjà du mal avec ces escaliers en été alors là ?!

M'enfin quand on veut, on peut !!

Cinq minutes pour descendre 10 marches, mais, avec tout l'amour que j'ai pour toi, si cher Breda, je n'ai pas spécialement envie de te voir de trop près non plus !

Et j'y suis enfin.

Quand je suis là, sur ce pont, tout s'arrête.

C'est là, le seul endroit où j'arrive à arrêter de penser.

Je ne peux m'empêcher de m'assoir, contre le poteau qui m'a soutenu dans les moments les plus difficiles depuis que j'habite ici. C'est mon poteau, mon poto, ça s'écrit dans tous les sens, et aujourd'hui, j'ai juste envie de lui dire que je vais bien. Je suis heureuse, reconnaissante, je ne pense plus à hier, ne sais pas de quoi sera fait demain, mais je sais qu'aujourd'hui sera beau, quoi qu'il arrive. Alors je lui dis merci. Et puis je lui dis que j'ai froid aux fesses aussi !!

- Et là il te dit que t'as qu'à te dépêcher de faire un selfie potable !

- Ah te voilà toi ! Je me demandais combien de temps on allait être tranquilles !

- Oh ça va, je donne juste un petit indice sur les coulisses du reportage !

- Mais je t'en veux pas ! Sans toi, et sans moi, cet article aurait été trop dénaturé !

Sur le chemin du retour, je laisse le portable dans la poche, et je profite jusqu'au bout de ce cadeau de l'univers.

Bien que je ne résiste pas à l'arrivée, à immortaliser les stalactites avant qu'elles ne tombent.

C'était une belle ballade.

Un beau moment avec moi-même, et je me remercie moi-même d'avoir su saisir l'opportunité, au bon moment, au bon endroit.

Et c'est avec tout mon cœur que j'ai quand même pensé à vous pour vous ramener un souvenir de ce moment.

Profitez en !

HyperParadisiaquement.

HyperBlanc !

Cécilia.